Quel est le bilan énergétique du Bioéthanol ? (2)
Allouer les dépenses aux produits réalisés.
Une fois que les dépenses énergétiques ont été évaluées, il faut les allouer aux différents produits issus de la fabrication. C’est l’autre facteur des variations entre bilans énergétiques.
Par exemple la filière bioéthanol de blé ne génère pas que du bioéthanol. Sortie usine, on obtient également des drèches (reliquat de la fermentation du grain) et du CO² (gaz émis lors de l’étape de fermentation). La dépense énergétique est donc répartie. Il faut donc considérer une clé de répartition des dépenses énergétiques entre co-produits. Trois solutions sont envisageables :
- une répartition sur la base du poids des produits et co-produits, dite « allocation massique ». C’est cette clé de répartition qui a été utilisée entre le bioéthanol de blé ou de maïs et les drèches dans l’étude ADEME 2002. Cette méthode attribue la moitié des dépenses énergétiques au bioéthanol. Elle s’appuie sur le fait que chaque tonne de bioéthanol produit conduit à la production du tonnage équivalent en drèche. L’allocation massique est couramment utilisée pour le calcul des ratios énergétiques des produits pétroliers en sortie d’une raffinerie. Elle présente l’avantage d’être simple d’application et de permettre, par analogie des méthodes utilisées, des comparaisons entre un biocarburant et le carburant fossile auquel il se substitue.
- Une répartition sur la base du contenu énergétique, dite « allocation énergétique ». Couramment utilisée aux Etats-Unis dans le cadre de l’évaluation environnementale du bioéthanol de maïs. Elle revient à considérer que la valeur intrinsèque du produit, mais aussi des co-produits, est uniquement liée à leur contenu énergétique.
- Une répartition par substitution, dite méthode « d’extension des frontières du système » ou méthode des « impacts évités ». Il s’agit ici de retirer des dépenses énergétiques de la filière l’équivalent des dépenses énergétiques liées à la production des produits auxquels se substituent les co-produits de la filière étudiée. Ainsi, pour la filière bioéthanol de blé, on fait l’hypothèse que les drèches sont un aliment du bétail qui vient se substituer à une partie des tourteaux de soja dans la ration. Dans ce cas, on peut retrancher des dépenses énergétiques du bioéthanol, l’équivalent de la dépense énergétique liée à la fabrication du tourteau de soja (depuis la culture du soja jusqu’à la fabrication du tourteau). Utiliser cette méthode de substitution nécessite des choix de scénarii qui influeront largement sur le résultat.
Déterminant dans la construction du ratio énergétique final, le choix de la méthode de répartition doit être fait en fonction de l’objet précis de l’étude : comparaison entre filières fossiles et biocarburants, comparaison entre biocarburants, comparaison au sein d’une même filière biocarburant entre différent process,… Chaque méthode est plus ou moins pertinente selon la finalité. En tout état de cause, seuls les bilans établis sur une même base sont comparables entre eux.
Dans l’idéal, ce type de ratio d’efficacité énergétique doit être réalisé non pas sur un scénario, mais sur une filière existante. Ce ne peut être le cas aujourd’hui en France puisque les filières sont en cours de construction.